Ici, ce sont les textes plutôt travaillés. Les textes écrits sur des thèmes imposés ont été écrits dans le cadre d'ateliers sur un forum d'écriture dont je fais partie. Belle lecture à vous :)
Elle effeuillait des marguerites
Elle effeuillait des marguerites, sans y croire vraiment, espérant secrètement. Ne sachant pas qu’un jour, son tour viendrait. Au moment où elle s’y attendrait le moins. Comme dans les films et les histoires. Affreusement banal. Sauf que c’était son histoire. A son tour d’être touchée. Bousculée. Renversée.
Allongée à l’envers dans ses draps défaits, le monde tournait à toute vitesse autour d’elle. Et pourtant il semblait s’être arrêté. Trop d’images chassaient son sommeil. La brûlure lancinante du manque. Ce sourire qui s’évaporait à force de se le remémorer. Ces messages qu’elle relisait en boucle jusqu’à les connaître par cœur.
On croit toujours savoir comment les choses vont se passer, on se fait une idée, un film, on s’imagine la scène, qui se termine toujours pareil. C’est simple, et c’est joli. Comme des poupées en porcelaine posées sur une étagère. La réalité est toujours plus épineuse, plus colorée. Plus vivante.
Sa chance lui demande de la patience. A voix haute, elle assure qu’elle en a plein. Que maintenant que c’est son tour, elle est prête à attendre, sagement. Et pourtant, quand le soir vient,et qu'est seule dans son grand lit, son cœur implose de cette attente. Il s’exaspère qu’il faille encore se mourir en silence. En attendant la vie.
Elle les voyait partout. Autour d'elle. Chacun leur tour. S’aimer, se haïr, s’embrasser, s’embraser. Mais jamais elle. Comme un interdit. Derrière un voile. Condamnée à faire le même vœu tous les ans en soufflant ses bougies. Son tour viendrait-il enfin un jour ? Cette question sans réponse la rendait souvent folle.
Et pourtant, il y avait bien quelqu'un. Et elle avait cette certitude imprécise lorsqu’il la regardait. Les questions s’effaçaient enfin pour laisser place à l’évidence. Une nuit, une route déserte, et deux voix qui se mêlent. Deux cœurs éloignés qui s’apprivoisent timidement. Comme des enfants. Le reste ne semblait alors que de lointaines angoisses de nuits blanches. Qui revenaient toujours pour mieux s’effacer ensuite. Aucune certitude durable. Juste l'évidence de l’instant. Ce petit morceau d’éternité éphémère. Qui se meurt au matin.
Le regard par la fenêtre, elle s’envolait, espérant un jour devenir quelque chose. Ressentir à nouveau ce bonheur à s’en exploser le cœur. Parce que pour elle, la vie c’était ça. Cet ensemble de petits papillons aux creux du ventre. Elle espérait les retrouver.
Mais en attendant, elle effeuillait des marguerites, regardant son coeur mourir sans cesse, et se réincarner en larme.
Ecrit par Bulle, le 19 mars 2014 ; Thème libre.
Allongée à l’envers dans ses draps défaits, le monde tournait à toute vitesse autour d’elle. Et pourtant il semblait s’être arrêté. Trop d’images chassaient son sommeil. La brûlure lancinante du manque. Ce sourire qui s’évaporait à force de se le remémorer. Ces messages qu’elle relisait en boucle jusqu’à les connaître par cœur.
On croit toujours savoir comment les choses vont se passer, on se fait une idée, un film, on s’imagine la scène, qui se termine toujours pareil. C’est simple, et c’est joli. Comme des poupées en porcelaine posées sur une étagère. La réalité est toujours plus épineuse, plus colorée. Plus vivante.
Sa chance lui demande de la patience. A voix haute, elle assure qu’elle en a plein. Que maintenant que c’est son tour, elle est prête à attendre, sagement. Et pourtant, quand le soir vient,et qu'est seule dans son grand lit, son cœur implose de cette attente. Il s’exaspère qu’il faille encore se mourir en silence. En attendant la vie.
Elle les voyait partout. Autour d'elle. Chacun leur tour. S’aimer, se haïr, s’embrasser, s’embraser. Mais jamais elle. Comme un interdit. Derrière un voile. Condamnée à faire le même vœu tous les ans en soufflant ses bougies. Son tour viendrait-il enfin un jour ? Cette question sans réponse la rendait souvent folle.
Et pourtant, il y avait bien quelqu'un. Et elle avait cette certitude imprécise lorsqu’il la regardait. Les questions s’effaçaient enfin pour laisser place à l’évidence. Une nuit, une route déserte, et deux voix qui se mêlent. Deux cœurs éloignés qui s’apprivoisent timidement. Comme des enfants. Le reste ne semblait alors que de lointaines angoisses de nuits blanches. Qui revenaient toujours pour mieux s’effacer ensuite. Aucune certitude durable. Juste l'évidence de l’instant. Ce petit morceau d’éternité éphémère. Qui se meurt au matin.
Le regard par la fenêtre, elle s’envolait, espérant un jour devenir quelque chose. Ressentir à nouveau ce bonheur à s’en exploser le cœur. Parce que pour elle, la vie c’était ça. Cet ensemble de petits papillons aux creux du ventre. Elle espérait les retrouver.
Mais en attendant, elle effeuillait des marguerites, regardant son coeur mourir sans cesse, et se réincarner en larme.
Ecrit par Bulle, le 19 mars 2014 ; Thème libre.
Ecris moi un mouton !
La nuit quand tout le monde dort, moi je ne dors pas. Je ne sais pas pourquoi. Mais d’aussi loin que je me souvienne, je n’ai jamais bien dormi. Maman m’a dit l’autre jour que même lorsque j’étais bébé, je ne dormais pas beaucoup. A l’école, mes copains trouvent ça bizarre, mais pour moi c’est normal. J’ai l’habitude. Je suis allé voir un docteur, mais après m’avoir fait passer des tests un peu bizarres, il m’a dit que j’étais normal, et que ça passerait sûrement en grandissant. Ma maman est inquiète pour moi, mais moi ça ne m’inquiète pas trop. Ce n’est pas si grave au fond. Et je vais vous dire un secret, je trouve ça plutôt cool. Car quand mes parents dorment, et que je me réveille, je me sens un peu comme le roi de la nuit. Comme si j’étais le marchand de sable, ou le Père Noël. Je suis le seul réveillé alors que tout le monde dort.
C’est drôle car quand j’étais plus petit, les gens me disaient toujours en rigolant que je devrais essayer de compter les moutons. Je n’ai jamais compris d’où ça venait, mais je trouvais ça rigolo. Surtout que mon papa il en a des moutons. On habite une grande maison juste à côté de sa ferme. Il a aussi des vaches, mais leur champ est plus loin. Et à force qu’on me dise de compter les moutons, j’y suis allé. Une nuit, pendant que tout le monde dormait, et que je m'ennuyais, je suis descendu sur la pointe des pieds. J’ai enfilé mes chaussures, et une grosse veste par-dessus mon pyjama, et je suis allé jusque dans le champ. Je me suis assis sur le devant du gros tracteur de mon papa, et j’ai compté les moutons. C’était un peu dur de les voir tous car il faisait nuit, mais je crois qu’il y en avait 23. Mais après avoir fini de les compter, je ne me suis pas endormi. Et comme j’étais bien et que je ne voulais pas remonter dans ma chambre, je leur ai parlé. Et quand je suis retourné dans ma chambre, je me suis endormi. J’étais bien. Alors maintenant, quand je suis triste, ou que j’ai quelque chose à raconter, j’attends que tout le monde dorme, je vais dans leur champ, je m’assois sur le tracteur. Et du haut de mon trône de roi de la nuit, je recompte les moutons, et je leur parle. Et depuis, je dors un petit peu mieux.
Ecrit par Bulle, le 22 avril 2013 ; Thème imposé.
C’est drôle car quand j’étais plus petit, les gens me disaient toujours en rigolant que je devrais essayer de compter les moutons. Je n’ai jamais compris d’où ça venait, mais je trouvais ça rigolo. Surtout que mon papa il en a des moutons. On habite une grande maison juste à côté de sa ferme. Il a aussi des vaches, mais leur champ est plus loin. Et à force qu’on me dise de compter les moutons, j’y suis allé. Une nuit, pendant que tout le monde dormait, et que je m'ennuyais, je suis descendu sur la pointe des pieds. J’ai enfilé mes chaussures, et une grosse veste par-dessus mon pyjama, et je suis allé jusque dans le champ. Je me suis assis sur le devant du gros tracteur de mon papa, et j’ai compté les moutons. C’était un peu dur de les voir tous car il faisait nuit, mais je crois qu’il y en avait 23. Mais après avoir fini de les compter, je ne me suis pas endormi. Et comme j’étais bien et que je ne voulais pas remonter dans ma chambre, je leur ai parlé. Et quand je suis retourné dans ma chambre, je me suis endormi. J’étais bien. Alors maintenant, quand je suis triste, ou que j’ai quelque chose à raconter, j’attends que tout le monde dorme, je vais dans leur champ, je m’assois sur le tracteur. Et du haut de mon trône de roi de la nuit, je recompte les moutons, et je leur parle. Et depuis, je dors un petit peu mieux.
Ecrit par Bulle, le 22 avril 2013 ; Thème imposé.
Champs perdus
J’avais oublié. Et pourtant, ce n’est pas si loin. Des morceaux d’enfance, bien enfouis dans les souvenirs. Ce genre de moments auxquels je ne repense pas souvent. Non pas qu’ils soient trop douloureux, ou trop lointains, mais juste trop banals. Ces souvenirs qui pourraient appartenir à tout le monde, mais qui sont bien à moi. Et pour que je m’en rappelle, il a fallu que je te les raconte. C’est fou, les rencontres. Tu es arrivé dans ma vie, petit à petit, comme entré par une porte secondaire. Je ne t’avais pas vu arriver, mais soudain, tu étais là, et tu prenais toute la place. Et nous voilà face à face, en pleine nuit, assis sur un morceau de route, à se raconter nos vies. Les nuages tournaient au-dessus de nous, jouant à cache-cache avec la lune, pendant qu’on partageait nos souvenirs.
Je me rappelle de tout de cette nuit-là.
De ton regard, de nos sourires parfois gênés, de la lumière de la pleine lune, de cette odeur particulière, de ce silence autour de nous, et de ces champs perdus. Ces terrains vagues de nos mémoires, où nos enfances se croisent. On se connaît si peu, et on partage déjà tellement. Chaque anecdote en appelle une autre, chaque souvenir en raconte un autre. Le flot continu de nos mots berce la nuit. Invente sa propre histoire. Des morceaux de toi, et des morceaux de moi. Mêlés dans cette lumière étrange. Petit à petit, pierre après pierre, on reconstruit pour l’autre ces morceaux de nos vies. Ces souvenirs qui nous construisent. Nos rires d’enfant, nos bêtises envolées, ces étendues de verdure autour de nous, ces champs perdus. On aurait pu vivre à côté. Nos souvenirs n’ont rien à voir, et pourtant, ils se ressemblent.
Il me suffit de fermer les yeux, pour les apercevoir, ces champs perdus. Ces mêmes souvenirs où l’on aurait pu se rencontrer. Cette verdure à perte de vue, comme un morceau de l’infini. Et si je laisse mon esprit s’envoler, s’appuyer sur les courbes du vent pour respirer cette douce folie, j’aperçois au milieu de l’herbe un petit être recroquevillé. Et, le regardant, je comprends. Mélange de tes gènes et des miens, cet enfant te ressemble un peu.
Ouvrant les yeux, je te regarde. Entre nous deux, la lune, la nuit, cette odeur, et maintenant tout un monde.
Ecrit par Bulle, dans la nuit du 28 au 29 sept 2013, dans le cadre des "Nuits de l'écriture" ; Thème imposé.
Je me rappelle de tout de cette nuit-là.
De ton regard, de nos sourires parfois gênés, de la lumière de la pleine lune, de cette odeur particulière, de ce silence autour de nous, et de ces champs perdus. Ces terrains vagues de nos mémoires, où nos enfances se croisent. On se connaît si peu, et on partage déjà tellement. Chaque anecdote en appelle une autre, chaque souvenir en raconte un autre. Le flot continu de nos mots berce la nuit. Invente sa propre histoire. Des morceaux de toi, et des morceaux de moi. Mêlés dans cette lumière étrange. Petit à petit, pierre après pierre, on reconstruit pour l’autre ces morceaux de nos vies. Ces souvenirs qui nous construisent. Nos rires d’enfant, nos bêtises envolées, ces étendues de verdure autour de nous, ces champs perdus. On aurait pu vivre à côté. Nos souvenirs n’ont rien à voir, et pourtant, ils se ressemblent.
Il me suffit de fermer les yeux, pour les apercevoir, ces champs perdus. Ces mêmes souvenirs où l’on aurait pu se rencontrer. Cette verdure à perte de vue, comme un morceau de l’infini. Et si je laisse mon esprit s’envoler, s’appuyer sur les courbes du vent pour respirer cette douce folie, j’aperçois au milieu de l’herbe un petit être recroquevillé. Et, le regardant, je comprends. Mélange de tes gènes et des miens, cet enfant te ressemble un peu.
Ouvrant les yeux, je te regarde. Entre nous deux, la lune, la nuit, cette odeur, et maintenant tout un monde.
Ecrit par Bulle, dans la nuit du 28 au 29 sept 2013, dans le cadre des "Nuits de l'écriture" ; Thème imposé.
Le vent soufflait trop fort ce soir-là
La nuit était tombée depuis plusieurs heures déjà. La ville était éclairée par quelques décorations de Noël, et comme elle s’en doutait, le petit parking de la gare était déjà plein. Elle fit demi tour et descendit se garer un peu plus bas. Elle descendit sa valise du coffre et soupira en constatant les énormes rafales de vent. Elle enroula sa grosse écharpe autour de son cou, prit soin de bien fermer la voiture, et s’engagea dans la côte qui menait à la gare.
Arrivée en haut, elle poussa la lourde porte du hall de la gare. Il y avait beaucoup de monde dans le petit espace d’attente pour les voyageurs, et une assez longue file au guichet. Veille de vacances de Noël, normal. Elle prit place au bout de la file. Ses pensées étaient déjà perdues dans la semaine de vacances qui s’annonçait. Le réveillon de Noël en famille, les cadeaux, les chocolats, et la chaleur de l’esprit de Noël. Soudain, une voix la tira violemment de ses rêveries. Elle provenait du guichet.
« Deux allers-retours pour Strasbourg s’il vous plait
Cette voix … Elle l’aurait reconnue entre mille. Elle sentit son cœur devenir fou dans sa poitrine. Elle s’était attendue à tout sauf à ça. Cette voix appartenait à une personne qui, sans le savoir, avait bouleversé sa vie. Une ancienne prof de son lycée, de qui elle était tombée follement amoureuse. Evidemment, cette prof n’en avait jamais rien su, c’était un amour de lycée, aussi fou qu’irréalisable. Cette histoire avait maintenant plusieurs années. Six ou sept peut-être. Mais cette voix réveilla tout. Comme si c’était hier. Ces souvenirs, cette femme, un premier amour, un amour fou, inavouable et violent.
Troublée par cet évènement, elle sortit de la gare. Le froid lui glaça les joues. Le vent soufflait trop fort, ce soir-là. Mais il lui faisait du bien.
Dans sa tête, tout se mélangeait. Elle pensait avoir tourné la page, depuis le temps. Elle avait quitté le lycée, était partie faire ses études dans une autre ville, où elle avait rencontré d’autres gens. Elle était même retombée amoureuse, et avait connu d’autres déceptions. Et elle pensait que cette histoire était bien loin derrière, elle n’y repensait pas souvent. Mais elle venait d’avoir la preuve qu’on n’efface pas comme on le veut son tout premier amour. Elle s’appétait à rentrer à nouveau dans le hall de la gare quand la porte s’ouvrit. Elle se trouva alors face à cette femme qui avait peuplé ses rêves d’adolescente. Celle-ci la reconnut, et lui adressa un grand sourire.
"Oh bonsoir ! Bonnes vacances !
-Me .. merci . Vous aussi
Elle rentra dans le hall, les jambes en coton, et le cœur battant la chamade. Elle reprit sa place dans la file d’attente. Elle avait l’impression d’avoir assisté à un tsunami. Tellement de choses bouleversées par un simple regard. A travers la porte, elle regarda s’éloigner la silhouette de cette femme. Cette chute de reins était toujours aussi sensuelle. Elle détourna les yeux pour ne pas se laisser emporter. Elle concentra son attention sur la file d’attente, et les gens dans le hall de la gare. Le temps pour arriver enfin au guichet lui sembla interminable. Elle avançait, comme dans un état second, perdue dans les souvenirs de ses années lycées. Elle était loin de se douter que tout cela resurgirait aussi violemment, tellement de temps après.
Ecrit par Bulle, dans la nuit du 23 au 24 décembre 2013 dans le cadre des "Nuits de l'Ecriture" ; Thème imposé.
Arrivée en haut, elle poussa la lourde porte du hall de la gare. Il y avait beaucoup de monde dans le petit espace d’attente pour les voyageurs, et une assez longue file au guichet. Veille de vacances de Noël, normal. Elle prit place au bout de la file. Ses pensées étaient déjà perdues dans la semaine de vacances qui s’annonçait. Le réveillon de Noël en famille, les cadeaux, les chocolats, et la chaleur de l’esprit de Noël. Soudain, une voix la tira violemment de ses rêveries. Elle provenait du guichet.
« Deux allers-retours pour Strasbourg s’il vous plait
Cette voix … Elle l’aurait reconnue entre mille. Elle sentit son cœur devenir fou dans sa poitrine. Elle s’était attendue à tout sauf à ça. Cette voix appartenait à une personne qui, sans le savoir, avait bouleversé sa vie. Une ancienne prof de son lycée, de qui elle était tombée follement amoureuse. Evidemment, cette prof n’en avait jamais rien su, c’était un amour de lycée, aussi fou qu’irréalisable. Cette histoire avait maintenant plusieurs années. Six ou sept peut-être. Mais cette voix réveilla tout. Comme si c’était hier. Ces souvenirs, cette femme, un premier amour, un amour fou, inavouable et violent.
Troublée par cet évènement, elle sortit de la gare. Le froid lui glaça les joues. Le vent soufflait trop fort, ce soir-là. Mais il lui faisait du bien.
Dans sa tête, tout se mélangeait. Elle pensait avoir tourné la page, depuis le temps. Elle avait quitté le lycée, était partie faire ses études dans une autre ville, où elle avait rencontré d’autres gens. Elle était même retombée amoureuse, et avait connu d’autres déceptions. Et elle pensait que cette histoire était bien loin derrière, elle n’y repensait pas souvent. Mais elle venait d’avoir la preuve qu’on n’efface pas comme on le veut son tout premier amour. Elle s’appétait à rentrer à nouveau dans le hall de la gare quand la porte s’ouvrit. Elle se trouva alors face à cette femme qui avait peuplé ses rêves d’adolescente. Celle-ci la reconnut, et lui adressa un grand sourire.
"Oh bonsoir ! Bonnes vacances !
-Me .. merci . Vous aussi
Elle rentra dans le hall, les jambes en coton, et le cœur battant la chamade. Elle reprit sa place dans la file d’attente. Elle avait l’impression d’avoir assisté à un tsunami. Tellement de choses bouleversées par un simple regard. A travers la porte, elle regarda s’éloigner la silhouette de cette femme. Cette chute de reins était toujours aussi sensuelle. Elle détourna les yeux pour ne pas se laisser emporter. Elle concentra son attention sur la file d’attente, et les gens dans le hall de la gare. Le temps pour arriver enfin au guichet lui sembla interminable. Elle avançait, comme dans un état second, perdue dans les souvenirs de ses années lycées. Elle était loin de se douter que tout cela resurgirait aussi violemment, tellement de temps après.
Ecrit par Bulle, dans la nuit du 23 au 24 décembre 2013 dans le cadre des "Nuits de l'Ecriture" ; Thème imposé.